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Article: 2020 une année pas pour rien

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photo : Flowhynot

Cela fait plusieurs semaines, même plusieurs moi que je n’avais pas écrit. Par manque de temps d’une part. Mais aussi par la réflexion qui m’a amené à me dire que je devais écrire des textes qui avaient du sens pour moi, et pas me forcer à faire du volume pour faire du volume. Quitte à être beaucoup moins régulier.

Et c’est le cas avec cette analyse de l’année 2020, si particulière sur tous les points.

2020, ça sonnait tellement bien

2020. Sur l’aspect phonétique ça avait « de la gueule ». 2020 ! J’espérais qu’elle serait un excellent millésime à tous points de vue et qu’elle resterait dans mon histoire. Mais je n’aurai jamais pensé qu’elle marquerait un tournant dans NOTRE histoire et serait  inscrit dans les futurs livres historiques. L’année où le monde entier est resté confiné chez soi face à un virus. Un scénario digne d’une série Netflix. En espérant que 2021 ne « remette pas la petite sœur » comme le dirait François D’Amiens dans le déjanté Dikkenek.

Pourtant, en faisant chemin arrière sur ces 11 mois (il en reste encore 1 et sait-on jamais ce qui peut encore arriver), je fais le constat que tout n’est pas à jeter.

Aussi étrange que ça puisse paraître, je pense qu’il y a du positif à tirer de chaque situation. Et clairement, me concernant des choses ont changé. Et positivement.

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photo : Flowhynot

Un remise en cause

Tout d’abord sur l’aspect personnel, moi qui était plutôt un consom’acteur, je me suis rendu compte qu’on avait pas besoin de tant de choses que ça… Collectionneur invétéré de sneakers par exemple, j’ai aujourd’hui plus envie de m’en débarrasser. L’âge avançant ou le fait de constater en étant enfermé que tout ça était juste « accessoire » ? Peut-être un peu des 2 ? Bon après je ne suis pas parfait, loin de là, (d’ailleurs que veut dire « parfait »?) et continuerai de m’octroyer des petits plaisirs. Mais dans des proportions moindres.

Professionnellement aussi. Cette année devait être l’avènement de 2 projets auxquels je m’étais associé… Puis ça n’a pas fonctionné. La vie réelle d’un entrepreneur où tout initiative ne se transforme pas forcément en réussite comme dans un épisode de Capital. Cependant, nous n’avons pas baissé les bras. Avec mes associés, nous nous sommes lancé en février dans une nouvelle aventure baptisée Bridgers où nous avons décidé d’associer nos compétences pour proposer des solutions digitales à divers clients. Et bim, est arrivé cet incroyable 16 mars qui nous a mis des bâtons dans les roues… Lancer une entreprise alors que l’économie allait prendre un sérieux coup d’arrêt… Un pari perdu d’avance. Et pourtant à force d’efforts les wagons sont sur de bons rails aujourd’hui.

Pour ma part, je me suis posé (et me pose encore) beaucoup de questions. Je le crie souvent haut et fort, je veux travailler dans l’industrie de l’outdoor dans le futur. Sauf que futur pour moi rime souvent avec court terme. Mais à force de discussions (parfois mouvementées) avec mes associés suivi de remises en question personnelles j’ai aussi compris que tout se construit à petit à petit. Et qu’avant d’envisager de réaliser ses rêves il faut aussi prouver et se contenter des choses positives qui arrivent le moment présent. De fait je pense avoir évoluer, par la force des choses, sur un de mes plus grands défauts : l’impatience.

Des changements nécessaires

L’impatience ! Cela nous amène donc à ce qui nous intéresse le plus dans la ligne éditoriale de mes textes : le trail et l’ultra.

Car là aussi, comment ne pas dire que cette année aura été hors norme, pour ne pas dire plus ou être poli. Mais pas dans le sens du terme que j’imaginais.

Je l’ai beaucoup répété, 2019 avait été une année exceptionnelle. Et je voulais 2020 comme une confirmation. Car comme le dit cet adage souvent utilisé dans l’univers du football que j’ai côtoyé « le plus dur n’est pas de percer mais de confirmer ».
Si exceptionnelle que ça ? Sur la partie visible des résultats sans doute, mais avec du recul sur la partie que je nommerai invisible et la façon dont je vivais cela, pas tant que ça… Et je ne suis pas certain que je m’en serai rendu compte sans les événements que nous avons et somme en train de connaître.

En effet les « résultats » étant assez rapidement arrivés, je m’étais enfermé dans une rigueur de vie bien trop compliquée à gérer et supporter pour une personne non professionnelle qui pratiquait une discipline que depuis quelques mois. Rigueur de l’entraînement. Rigueur extrême de la nutrition. Rigueur du rythme de vie, etc. Tout cela dans un laps de temps très court. Trop court. Sans doute un changement beaucoup trop brutal pour un petit bonhomme qui enchaînait encore les bouteilles de whisky le week end quelques mois auparavant… Mais l’appétit vient en mangeant comme on dit. Et me remettre à fond dans le sport me semble bien sûr bénéfique. C’est d’ailleurs toujours à ce jour mon mode de vie et je m’y sens bien. Mais cette transition soudaine a été sans doute beaucoup trop rapide. Fatigue, humeur, difficulté à tenir des journées bien remplies. Tout y est passé. Un cercle vicieux et le fruit de cette impatience mentionnée ci-dessus.

Une impatience mixée à une certaine pression que je m’étais imposée. Car c’est aussi l’une de mes autres « qualités », cet art de toujours tout vouloir faire à fond, de ne jamais être satisfait, en pensant que je serai jugé à la fin. En étant perpétuellement très sévère avec moi même.

photo : Flowhynot

Comme le dit l’expression : tout se paie

Et ça a été le cas en début d’année avec un abandon lors de ma première course. Mon corps, et surtout mon esprit me rappelaient à l’ordre ! Car ça n’est pas dans ma nature d’abandonner. Moi qui finira les 60 derniers kilomètres de l’Échappée Belle avec une côte cassée quelques mois plus tard.

Une première grosse remise en question a eu lieu à cette époque. Sans me douter de ce qui allait arriver. J’avais décidé de m’entourer d’un coach, en la personne de Diego Alarcon, à la suite de cet échec. Sa première question a été « Est ce que tu as l’impression d’aller au travail quand tu vas t’entraîner ? ». Et la réponse était spontanément oui… Non pas que je n’aime pas mon job. Loin de là. Mais je m’étais enfermé dans une forme de pression démesurée. Une fois de plus, le trail n’est pas à ce jour mon activité professionnelle, et pourtant je m’infligeais un fonctionnement qui me faisait quasiment sortir de toutes sortes de plaisir. Pourtant le but premier à l’origine. Toute ma pratique était devenue machinale.

À partir de là, je me suis remis sur des rails en meilleur état pour me diriger du mieux possible vers l’objectif de mon année : La Diagonale des Fous. Cette date inattendue dans mon calendrier 2020. Cette course qui me faisait rêver. Que j’allais dans disputer sous l’étendard breton.

Un ultra en février s’était d’ailleurs bien passé laissant finalement présager une année prometteuse à travers de nouveaux formats, de nouvelles courses autour du monde. Le planning était d’ailleurs construit et cohérent. Bien loin des 23 courses de l’année 2019 qui m’avait sans doute aussi un peu amené à ma mésaventure du début d’année. J’avais même trouvé un partenaire de choix en la marque Altra dont je porte les produits depuis quasiment mes débuts.

//📖À lire aussi : L’Endu’Rance Trail des Corsaires, quand les éléments se déchaînent.

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photo : Flowhynot

Puis le vent a tourné

Un premier confinement a eu lieu. Période durant laquelle je n’ai rien lâché. En en faisant même sans doute une nouvelle fois beaucoup trop. Mais la peur s’était un peu emparée de moi. Une peur liée à mon statut encore de débutant. Une peur liée à la possibilité d’un échec sur mon objectif de fin d’année. Une peur aussi exacerbée par cette nouvelle situation. Une situation que je ne pouvais pas maîtriser, moi qui aime essayer de tout anticiper… Et voilà l’un des premiers enseignements positifs que j’ai pu noter cette année. Prévoir c’est bien, mais il y a toujours des inconnus. Comme dans un ultra au final. Aujourd’hui j’essaie de beaucoup plus vivre au jour le jour. Tout en essayant de suivre les lignes directrice que je me trace.

Le déconfinement a eu lieu, laissant présager des jours meilleurs. Enfin le pensait-on. Le monde avait retrouvé une certaine normalité malgré les nombreuses mises en garde émanant du monde de la médecine. Et malgré un planning sportif complètement boulversé, je parvins tout de même à « trouver » un dossard sur la tant magnifique que difficile Échappée Belle.

//📖À lire aussi : L’Échappée Belle, une première rencontre avec la montagne.

Mais bizarrement l’envie et la motivation n’étaient pas au rendez-vous… Une nouvelle fois, je pense que la pression et la rigueur que je m’étais imposées, quelques mois avant, en me forçant à enchaîner les séances de home trainer, à ne m’accorder aucun écart en ayant peur de le payer ensuite avaient « épuisé» mon corps. À nouveau il me le faisait payer. Une discussion avec mon coach m’aura permis de me remettre dans le bon sens. Mais le sujet était toujours le même « évacuer la pression ! ». « Penser plutôt au plaisir d’être dehors et passer des heures dans des paysages magnifiques » . Finalement cette première épreuve en montagne se sera plutôt bien passée. Et aujourd’hui je m’en sers pour me dire que le plaisir doit être la clé.

On recommence, mais différemment

Devait alors arriver la tant attendue Diagonale. Et après un suspens insoutenable et de nombreux ascenseurs émotionnels le couperet fut tombé : l’épreuve a été annulé. Un coup dur moralement. Cette course était un rêve et je m’étais beaucoup investi. Et pour couronner le tout un second confinement est arrivé dans la foulée mettant au point mort tout espoir d’éventuels plans B,C,D,Z…

Mais j’ai pris cette nouvelle période d’enfermement bien différemment. Plus de pression et beaucoup plus de recul sur ma pratique. Je cours tous les jours. Mais sous le signe du plaisir et de la sensation. Sans m’imposer une planification stricte. Et bizarrement j’enchaîne les séances bien plus facilement qu’il y a quelques mois. Aussi j’ai relâché la bride sur l’aspect nutritionnel. Je suis toujours très attentif, mais m’octroie des écarts et suis sorti du délire de rationnement. Le poids sur la balance a augmenté, mais étrangement la vitesse aussi ! Prise de muscle où libération de l’esprit ? Sûrement un peu des 2 là aussi. Tout en mettant l’accent sur le 2ème point. Pourquoi je dis ça ? Car mon sommeil est devenu bien meilleur. Mois qui vivait des nuits très courtes et très légères depuis près de 2 ans… À nouveau une résultante sans doute émanant du changement aussi soudain que brutal que j’avais imposé à mon corps et mon cerveau.

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photo : Flowhynot

Et maintenant ?

Aujourd’hui j’ai retrouvé un réel plaisir à courir sur les sentiers. Comme la première fois, où je ne connaissais même pas le mot trail, et que j’ai pris les premières chaussures que je trouvais sur un coup de tête pour faire une sortie de 40km (je ne vous raconte pas comment j’ai fini). Je n’ai pas d’objectif à court terme et espère bien prendre les prochains avec détachement.

Je pense réellement que cette année 2020, même si je suis pressé comme tout le monde qu’elle se termine, m’aura endurci et apporté quelques clés qui me seront bénéfiques dans le futur si j’arrive à m’y tenir. Vivre au jour le jour sans se mettre trop de pression. Croire en ses rêves tout en se montrant patient. Se laisser guider par le plaisir et les choses qui ont du sens pour soi. S’écouter davantage et croire en ses choix.

Et tout cela pas que pour l’ultra trail, mais surtout pour toutes les facettes de la vie.

Rendez-vous dans quelques mois.