illustration : Flowhynot
‘Tu le tiens ton top 20 ! Il est là !‘ scande le speaker.
Il reste une vingtaine de mètres. Je profite de chaque instant de ce finish. J’ai un large sourire qui semble couvrir tout mon visage au fur à mesure que je traverse le large public venu nous encourager.
L’expression est ‘on ne leur a pas dit que c’était impossible alors ils l’ont fait‘. Moi, on me l’avait dit mais je l’ai fait quand même.
Et maintenant ?
Dans le précédent épisode je m’étais arrêté à cette semaine mêlant les sentiers de l’Aber Wrac’h et du Fresnaye Trail. Ces 7 jours auront assurément été une étape.
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Maintenant quelle route suivre ? Ou plutôt quel sentier dirais-je.
Si j’analyse ces 3 trails longs, les motifs de satisfaction ne manquent pas.
Au bout de 4 mois je m’octroie un top 10 sur l’une des épreuves de l’OTT. Sur cette dernière course l’écart avec Jonathan Parise, le gagnant, est de 35 minutes. Alors que j’accusais 1h30’ de retard sur le vainqueur du Grand Menestrail 4 mois auparavant.
Je réalise aussi mon premier podium sur un parcours loin d’être évident la semaine suivante.
Ça me donne forcément envie de vouloir pousser un peu plus loin l’expérience.
illustration : Christelle Mesnage
Je suis déjà inscrit sur La Passagère, une course qui n’a rien à voir, puisque c’est un 14km très rapide entre Dinard et Saint-Malo. Une course pour ‘pistards’.
Mais niveau trail, je n’ai plus rien de prévu. Hormis peut-être le trail des Ebihens. Un format court que j’ai déjà fait. Une course reconnue qui se déroule dans un cadre magnifique.
Un cadre magnifique. C’est justement ce qui est aussi annoncé concernant le tracé du Trail du Bout du Monde. Une nouvelle épreuve du challenge OTT . Elle se déroule en quasi totalité sur le GR34. Ce fabuleux sentier côtier que j’affectionne tant.
Un de mes meilleurs amis veut à son tour relever le défi de boucler une épreuve de 50km. Ça tombe bien. Ni une ni deux ! Voici mon, enfin notre, prochain défi.
Nous sommes en avril et le départ sera donné en juillet. Cela me laisse un peu de temps pour pousser les curseurs de préparation un peu plus loin.
Je vois aussi que d’ici là se déroulera le trail de Guerledan. La 3ème manche du challenge. Mais bizarrement je ne suis pas attiré. J’ai plus envie de paysages côtiers après un hiver pluvieux (nous sommes en Bretagne ;)). Et je pense également que le chiffre 63, comme le nombre de kilomètres de cette course de sentier m’effraie un peu…
Ah ce sacré François !
L’entraînement reprend donc de plus belle. Je commence même en parallèle à intégrer sérieusement la problématique de la nutrition. Un vaste sujet… D’ailleurs ça n’est pas simple. Tout comme le cadencement de mes séances et les effets qui s’en suivent. Ça n’est toujours pas simple à ce jour. J’y reviendrais dans un futur récit.
Au final je suis en préparation depuis octobre 2018 avec toutes ces épreuves qui s’enchaînent ! Le Ouest Trail Tour est réputé très exigeant avec des courses ayant lieu tous les 2 mois environ.
Un matin j’arrive à mon agence après l’heure de route que j’effectuais quotidiennement à l’époque. Un collègue me partage un article sur le trail de Guerledan.
Je lui rétorque ‘Non je ne la fais pas celle là‘. ‘Tu as peur !‘ me lance-t-il d’un ton ironique. ‘François il la fait lui !‘ ajoute-t-il.
‘François ?‘
Je lis l’article en détail. Et effectivement au fur et à mesure que mon regard se pose sur les lignes je vois que François D’Haene sera présent pour effectuer une course de préparation sur un évènement qu’il connaît et qu’il soutient (au final, non il ne la fera pas, bien qu’étant présent sur le site).
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Ça finit par me motiver. Prendre le même départ que ce champion, je trouve ça ‘drôle‘. Le soir même je valide mon inscription pour le départ du 20ème anniversaire de l’épreuve.
Je viens de rajouter une sacrée couche à ma saison. Ainsi que la découverte d’une 5ème épreuve sur les 7 que comporte le Ouest Trail Tour.
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Le premier accroc
En attendant l’arrivée de ce nouvel double objectif, je gambade donc sur les 14km de La Passagère.
Une course dont je décroche la 10ème place en 55 minutes. Au risque de me répéter, c’est à nouveau un résultat surprenant pour moi. En effet ça n’est pas du tout le même type d’épreuve. Ça va très très très vite et tous les spécialistes du coin étaient là.
Je continue donc sur ma lancée ! Pour fêter cela je fais le parcours en sens inverse, même un peu plus pour rentrer chez moi. Ça comblera le rituel de ma sortie longue du dimanche.
Devenant de plus en plus ‘boulimique’ je m’aligne 6 jours plus tard sur le trail court de Lancieux. 15km d’une épreuve que j’avais déjà disputé 7 ans plus tôt. Ma première compétition de course à pied. À l’époque j’avais couru en ‘Converse’… et fini 13ème ! Je n’avais pas poursuivi.
Cette année j’aimerai aussi y faire de belles choses. Mais autant tuer le suspens tout de suite, ce samedi soir 11 mai sera à oublier.
Après un départ rapide je me perds aux alentours du 7ème kilomètre. Un comble puisque je m’entraîne sur ces sentiers… Je n’ai pas vu une rubalise… Fonçant tout droit.
Au final je ferai 17 à 18 km avec une énorme frustration sur la ligne d’arrivée.
Mais le pire est à venir. Le lendemain matin je me lève dans l’impossibilité de marcher. Tout allait pourtant bien la veille au soir. Mais là mon tendon d’achille ne m’autorise même pas à poser le pied par terre.
L’explication ?
Même si je n’en suis toujours pas sûr je soupçonne fortement un passage trop rapide et sans transition au drop 0.
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Guerledan est dans à peine un mois. 63 km. Soit 10 ‘bornes‘ de plus que les précédentes épreuves. Un vent de panique commence à me traverser.
illustration : Trail de Lancieux
En route vers le championnat du monde de Bretagne
Je passe 2 semaines sans courir. Pas l’idéal. Pour compenser je ‘ride’ quasi quotidiennement sur mon vélo d’appartement. Pour ne pas trop perdre d’une part. Mais sûrement aussi pour me rassurer.
La période s’écoule et il semble que je puisse à nouveau faire quelques foulées. Non sans appréhension. Mais je peux courir. Alors que je commençais à penser à faire l’impasse, j’envisage à nouveau de boucler ce qu’on appelle ‘le championnat du Monde de Bretagne’.
‘Le boucler‘. Ça sera réellement l’objectif. Car c’est à nouveau un format inconnu pour moi. D’autant que je commence à prendre conscience de ce que représente le dénivelé. Et là c’est 2500 mètres qui m’attendent.
Mais aussi car un de mes meilleurs amis qui l’a déjà fait 7 fois m’a averti de la complexité du parcours. Du fait qu’il y aura des concurrents de renom expérimentés. Il m’avertit même ‘qu’espérer finir dans le top 50 est utopiste‘. Cette course semble vraiment spéciale. Presque effrayante…
Nous sommes le 2 juin à J-7. C’est aujourd’hui le trail des Ebihens. Un bon test après ma blessure. Une ‘balade’ autour de la baie de Saint-Jacut. Un trail reconnu et classé parmi les 10 plus beaux de Bretagne, bien qu’il ne soit pas très long (enfin quelques années auparavant je n’aurai pas dit ça).
Et un beau regain de confiance puisque je finirai 4ème. Une médaille en chocolat. Mais le chocolat finira bien par se transformer en métal.
Cap désormais vers l’étang de Guerledan et les sentiers qui l’entourent.
illustration : Christelle Mesnage