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Article: Du petit rêveur marin breton au fou de la Diagonale // Partie 7 //.

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illustration : Flowhynot

L’été arrive sur la Côte d’Émeraude. Une période pour se régénérer sur les belles plages qui bordent ma belle ville de Saint-Briac. Juillet sera calme. Une opportunité pour essayer de penser à autre chose avant de repartir dans la bataille en septembre pour le Trail des Légendes appelé aussi l’Excalibur, en référence à la célèbre épée.

Un été bleu mais studieux.

La première partie d’année aura été faste. À mi-année je me trouve en position de jouer le top 10 du Ouest Trail Tour. Une belle surprise. Peut-être aussi une récompense de tous les efforts fournis et de toutes ces heures passées dehors à fouler les sentiers. Sous le soleil. Sous la pluie. Dans le froid. Dans une chaleur étouffante.

Je crois que pour la première fois j’ai confiance en moi pour quelque chose. Cela m’aide au quotidien. De fait, je garde sérieux et motivation pour continuer à m’entraîner en vue des 3 dernières échéances du challenge.

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photo : Flowhynot

Regards tournés vers les légendes du trail de Brocéliande.

La forêt de Brocéliande et ses légendes, je n’y suis pas retourné depuis mon enfance. J’en garde un beau souvenir. En espérant que je pourrai en dire de même d’ici quelques semaines.

En attendant de pouvoir arpenter cette épreuve constituée de passages en sous bois, mais aussi des terribles montées et descentes du terrain de moto cross local, je participe à 2 trails courts pour garder le goût de la compétition durant l’été. Un 10 km très intense dans la commune de Pléboulle où je finirai second. Puis un autre sur la trace réputée de Penguily, et dessinée par le célèbre trailer breton Jérôme Lucas. Un très beau parcours de 25km où malheureusement je me perdrai à 5km de la ligne d’arrivée. Ce qui me coûtera le podium. Ça n’est pas très grave, ces 2 galops d’essai m’auront rassuré en vue du 8 septembre, prochaine date gravée dans mon calendrier.

Nous arrivons justement à ce premier week end post saison estivale. Cette année le parcours se fera dans l’autre sens. Aucune importance puisque c’est ma première participation.

Le départ est très rapide. Je passe les 5 premiers kilomètres en dessous des 4’/km !… Alors qu’on a 52 bornes à combler…

Je suis Arnaud Le Caer, à nouveau, qui me confesse qu’‘on va le payer‘.

Il a raison. Je ralenti un peu le rythme, mais nous en sommes déjà au 12ème km. Je rentre donc dans ma bulle afin de faire ma course et pas celle des autres.

La première partie nous amène donc à visiter les monuments féériques qui habitent la forêt, tout en jonglant avec des passages plus techniques au milieu des crêtes.

Une portion où je décide de jouer la gestion et de ne pas m’enflammer.

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photo : GwenBapt photographie

La prochaine grosse difficulté sera le fameux terrain de moto cross. Après un ravitaillement juste en haut de la première descente, il est l’heure de s’y jeter. Un passage où je suis assez à l’aise finalement, rattrapant 2-3 coureurs dans les 2 montées. Je pense être repassé dans le top 10.

Je ne change pas de stratégie pour le reste de la course en gérant mon effort jusqu’au paysage lunaire de la carrière de pierre du Valet située à une dizaine de kilomètres de la fin. Cette longue boucle amène les coureurs dans la dernière ligne droite de l’épreuve.

Je finis tranquillement au bout de 4h15’ avec une 7ème position, qui au vu des participants présents, conforte encore un peu plus ma 5ème place au classement. Le top 10 étant maintenant assuré je me mets donc à rêver plus haut.

Pour la petite histoire, c’est Philippe Chalmel, avec qui je défendrai les couleurs du team OTT à La Réunion, qui remportera l’épreuve.

Clap de fin sur cette période estivale. Cap maintenant sur un tout autre type d’épreuve avec le trail de la Vallée du Scorff.

Changement de décor.

27 octobre. Le temps n’est pas au beau fixe en cette matinée à Cleguer dans le Morbihan. Les organisateurs étant même obligés de modifier le parcours au dernier moment au vu des intempéries qui ont sévi toute la nuit.

Avant cela, j’avais enchaîné 5 épreuves, dont le Duguesclin Trail ou le magnifique trail des terres-neuvas à Saint-Suliac (3ème) en 1 mois et demi… Beaucoup trop…

//📖À lire aussi : Le jeu des 5 erreurs.

Nous partons donc pour cette manche importante pour moi, puisqu’elle pourrait sceller une 5ème place inattendue au classement général.

Sous ce temps incertain, je pars avec le groupe de tête.

Une dizaine de kilomètres passent. Mais je sens que le profil, cumulé à des jambes fatiguées, ne m’assureront pas une matinée remplie de plaisir. Je me répète ‘Oublis ça, pense à l’objectif‘, et soudain, sur un passage de rivière je tombe littéralement dedans au vu de la force du courant…. Portion que nous n’aurions pas dû emprunter. En effet, elle faisait parti de la modification de parcours opérée le matin… Bref, nous nous apercevons quelques centaines de mètres plus loin que nous nous sommes égarés quand nous rejoignons une foule de coureurs.

À ce moment là, me voilà, comme mes partenaires, rétrogradé aux environs de la 100ème position. Un coup dur.

Je mettrai quelques kilomètres à essayer de m’en remettre.

‘Tant pis, prends cette course comme une sortie longue‘.

Je pense même à l’abandon. Puis je me reprends en me disant que je le regretterai.

Je continue donc sur ce parcours compliqué, très humide, technique, cassant et fait de dévers. En m’évertuant de garder un bon rythme, je remonte peu à peu nombre de participants.

Cette épreuve, est certes la plus courte du Ouest Trail Tour (46km), mais peut-être la plus compliquée au vu de la technicité et son profil épuisant. Je m’en rends compte, car plus la ligne d’arrivée approche plus je double des concurrents envahis de fatigue tout comme moi.

Après 4h20‘ d’effort j’en finirai donc avec une 9ème place. Au vu du déroulé, j’en suis très heureux. Surtout cette remontada me permet d’assurer de façon quasi certaine ce que je visais plus tôt dans la matinée : cette fameuse 5ème place.

Pour la petite histoire, j’aurai le droit à un passage au poste de secours pour me faire suturer le genou. Conséquence, dont je ne m’étais pas rendu compte, de ma chute en début de course.

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photo : GwenBapt photographie

Impasse sur la dernière manche et surprise de taille.

Quelques jours après, je décide de faire l’impasse sur le Grand Menestrail. Non pas pour clôturer la saison, mais pour tenter le pari d’un premier ultra avec l’Ultra Menestrail (104km / 3300 mètres de dénivelé).

Ce format m’attire depuis mes récents débuts. C’est l’occasion d’essayer un nouveau type d’entraînement et de faire un premier essai sans pression.

Ça c’est ce que je pensais…

//📖À lire aussi : L’entraînement, cette recette complexe en quête perpétuelle de nouveaux ingrédients.

“Tu n’auras pas besoin de tenter ta chance au tirage.

Un matin de novembre, je reçois un message de Gilles Pichard, président de l’OTT, me demandant si il peut m’appeler.

‘Bien-sûr‘ lui écris-je, pensant qu’il avait vu mes travaux graphiques et qu’il voulait me solliciter pour une mission.

Quelques minutes plus tard, mon smartphone sonne.

Gilles se présente, me félicite pour ma première année. Il m’explique ensuite le fonctionnement du challenge, en me disant que les 10 premiers seront récompensés, que les 3 lauréats du podium iront au Grand Raid, qu’il y a une white card, et qu’une 5ème place est attribuée au tirage au sort parmi les coureurs ayant au moins fait 4 courses.

Enthousiaste je lui répond que ‘voulant faire cette course dans le futur, un des éléments déclencheur de ma mise au trail, je vais tenter ma chance‘.

Il me coupe … ‘Tu n’auras pas besoin de tenter ta chance au tirage au sort‘.

Je rentre alors dans un silence, durant lequel il m’explique que les membres du Ouest Trail Tour on décidé de me donner la white card… Je suis sous le choc. Réellement. Je le remercie chaudement, raccroche, et appelle Émilie pour lui annoncer la nouvelle les yeux larmoyant.

Je suis heureux. Nous partagerons en famille une magnifique expérience.

À titre personnel, me voilà avec un nouvel objectif, et pas des moindres : peut-être la course la plus dure mais aussi la plus belle du monde.

J’imaginais la faire d’ici 10-15 ans dans un mode ‘touriste’. Je la ferai plus vite que prévu en représentant ma région bretonne, dont je suis amoureux et fier, sous les couleurs du team OTT.

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photo : Nicolas Desriac