photo : Cano Fotosports
C’était il y a 2 ans et demi maintenant.
Fin d’année 2019, je décide de m’inscrire sur le 85 kilomètres du MIUT (car à l’époque je n’avais pas les points nécessaires pour courir le 115 kilomètres) afin de me faire une première expérience en vue de la Diagonale des Fous.
Par la force des choses, et le COVID, j’aurai finalement fait le Grand Raid avant sa « petite » réplique.
En effet on m’avait présenté cette traversée de l’île de Madère comme un condensé de celle de l’île intense.
Et globalement c’est tout à fait ça. Moins technique mais avec des montées bien plus sèches.
C’est donc cette année que je me présente sur la ligne de départ de Porto Moniz à 00:00 ce 23 avril. Et finalement sur le format 115 kilomètres.
En regardant le profil on peut voir que quasiment tout le dénivelé est concentré sur les 80 premiers kilomètres. Soit 6500 mètres ! Un peu effrayant.
Des conditions de départ pas si dépaysantes
Sous un crachin qui n’est pas sans m’évoquer ma Bretagne les fauves sont lâchés.
Et déjà au bout de quelques centaines de mètres à peine se présente la première montée ! Environ 250 mètres de D+ sur 1 kilomètre. Je repère de suite Courtney Dauwalter (mon idole, je l’avoue ;)).
Je m’étais mis tête d’essayer de la suivre un peu au début de course. Sauf que dans cette pente elle va plus vite en marchant que moi en trottinant ! On oublie ce plan trop ambitieux.
photo : Cano Fotosports
Ces premières minutes se passent bien. Arrive alors la première descente. Plutôt simple. 450 mètres de dénivelé négatif non technique. Sauf que déjà je sens des douleurs dans les quadriceps… Je prends un petit coup derrière la tête en me disant que toutes ces heures à faire du up and down, à double/tripler les bosses, à faire des squats ou de la chaise… Et bien ça ne remplacera jamais un entraînement montagnard. J’adore plus que tout ma Bretagne mais il faut avouer que ça n’est pas l’idéal pour préparer ce genre de course. Et surtout à cette période de l’année où il n’est pas possible d’aller en montagne avant du fait de l’enneigement. Mais je resterai dans ma chère et tendre Côte d’Emeraude.
Quoiqu’il en soit la 2ème partie de mon plan, qui visait à prendre quelques risques (mesurés) en début de course, tombe aussi à l’eau car je sens que mes cuisses ne valideront pas cette idée.
Je continue donc ma route bien au chaud dans les 30/40 premiers en compagnie de Guenoel Hinault, un coureur breton que je connais de nom et avec qui nous avons des connaissances en commun. J’en profite d’ailleurs pour lui adresser mes plus chaudes félicitations, car il finira 26ème en moins de 17 heures alors que c’était son premier ultra trail. Et avec la particularité de courir sans bâtons… et sans montre… Chapeau bas !
Pour le moment la météo annoncée capricieuse est plutôt calme. Un soulagement de courte durée ! En effet nous somme en sous bois donc protégés. C’était pour mieux préparer la suite de la nuit qui sera dantesque ! Pluie, vent et froid ! Je m’attendais à une course sous le soleil et sèche. Pour le moment j’ai plus l’impression d’être sur les sentiers de Moncontour.
Mais jusqu’ici tout se passe bien. Les montées passent parfaitement. Malgré des douleurs aux quadris je me sens beaucoup plus à l’aise dans les descentes techniques que d’habitude. Même si je me fais encore beaucoup doubler dans ces partie. C’est dingue comment l’énergie que l’on met à faire des écarts dans les montées est vite dilapidé dans les portions descendantes !
Pour le moment j’ai 30 minutes d’avance sur mes prévisions sans avoir l’impression d’avoir trop forcé.
Le reste de la nuit se déroule sans encombres. Pas de chute pour une fois. Juste les conditions climatiques à gérer.
photo : Cano Fotosports
Arrivé au premier gros ravitaillement d’Encumeada, le jour se lève enfin. Je prends juste le temps de boire une soupe, attrape 1 ou 2 tranches de patate douce, 2 carrés de chocolat et repars.
Ah oui je ne vous parle pas d’assistance, car malheureusement cette fois je n’en ai pas. Les conditions n’étaient pas réunies. Une fois de plus le trail ça n’est pas nôtre vie et il y a des priorités. Mais il est clair que sur l’ensemble de la course j’aurai pu gagner du temps. Et surtout bénéficier de coup de boost au moral primordial. Même sur 3-4 minutes (le temps moyen de mes ravitaillements sur ce MIUT, hormis celui où j’ai dû composer avec le sac d’allègement). Et surtout après une nuit comme ça !
Des murs, des murs, encore des murs et toujours des murs !
Mais je n’y pense pas et repars content de voir enfin la lumière du jour. Tout de suite arrive « le mur ». J’avais vu une vidéo de Mathieu Blanchard présentant cette partie. Et bien il n’avait pas menti ! Un pourcentage ahurissant.
Une belle mise en jambe pour le lever du jour !
Une fois passé cette difficulté, je me dirige via des parties plus faciles vers la base de vie Curras Das Freitas au 63ème kilomètre avec déjà 4600 mètres de dénivelé positif.
Je récupère mon sac, me change, refait le plein de barres (en majorité des Apirun qui m’auront bien aidé) tout en rencontrant Fabienne, la compagne d’un autre coureur breton que je connais de nom : Mathias Thenaisie du Team Berci. Il est environ 30 minutes derrière et a eu des difficultés durant cette terrible nuit.
Je redonne mon sac, avale quelques tranches de patate douce, un peu de riz et repars vers la dernière grosse difficulté : le terrible mais néanmoins magnifique Pico Ruivo et ses 2000 mètres de dénivelé positif.
C’est des photos de ce passage qui m’avaient donné envie de choisir cette course. Par contre il faut le mériter !
photo : Cano Fotosports
Je suis toujours très bien. Toujours en avance sur mon prévisionnel. Alors j’appuie fort sur ces premiers kilomètres d’ascension. Je rattrape quelques coureurs. Mais c’est sans doute une erreur… Un double kilomètre vertical c’est long. C’est très long. Surtout après 9h30 de course !
La fin sera dure avec un énorme coup de mou très vite atténué par la majesté des paysages !
Incroyable. J’ai l’impression d’être dans Mafate comme il y a quelques mois.
Une dernière partie qui semblait facile sur le papier
Il faut maintenant redescendre vers la dernière partie de course beaucoup plus simple. Je l’attendais. J’avais prévu d’essayer de faire parler mes qualités de courses à pied sur ces 40 derniers kilomètres. Mais, même si je n’en ai pas parlé depuis un moment, vous vous doutez bien que mes quadris s’apparentent maintenant à de la bouillie (je n’aimerai pas faire une radio pour voir ce qu’il en ait à ce moment là ;)), et viennent contrarier la dernière phase du plan.
C’est aussi ça un ultra. Faire face aux imprévus et s’adapter sans cesse. Trouver des solutions. Ne pas paniquer. Attendre que ça revienne dans les moments de moins bien.
Du coup je trottine sur ces bornes sans réelles difficultés.
Les paysages défilent. C’est toujours aussi beau. Quoiqu’un peu boueux à mon goût. Sans doutes du fait des précipitations tombées durant la nuit.
À une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, Mathias Thenaisie me reprend. Il a comblé les 30 minutes qui nous séparaient. Il semble plus frais que moi à ce moment là.
Nous ferons un bout de chemin ensemble et notamment la dernière montée nous emmenant sur le front de mer qui nous ramènera vers Machico. C’est ici qu’il me lâchera, n’ayant plus les capacités de relancer ou d’allonger la foulée maintenant.
photo : Cano Fotosports
Après un interminable sentier le long d’un front de mer magnifique, sur lequel à chaque détour de falaises nous ne voyons toujours pas la ligne d’arrivée, se présente enfin la dernière descente vers la digue et la finish line.
Une dernière torture mais entremêlée du bonheur d’avoir relevé le défi.
Je sors mon drapeau et en finit avec cette course ! Fatigué comme jamais.
photo : Cano Fotosports
Le temps ? 17h40 et une 34ème place.
Quel était mon objectif ? Entre 17 et 18 heures en essayant d’être plus proche des 17.
La place était difficile à évaluer au vu du plateau incroyable qui était présent. Malheureusement j’aurai perdu toute mon avance acquise au début dans la 2ème partie d’ascension du Pico Ruivo.
Mais quelques jours après je me montre très content… Même si mon éternel tempérament d’insatisfait me laisse quelques regrets. Mais je passe au dessus. Ça n’est que mon 3ème ultra « montagnard » de plus de 100 kilomètres en ayant fait le premier il y a seulement 8 mois. Et après 3 ans de trail. Et je vois la progression entre la première TDS, la Diag’ et maintenant ce MIUT.
Et puis avec du recul, un presque top 30 sur ce qui peut s’apparenter à une manche de coupe du monde dans un autre sport c’est plutôt sympa pour un 3ème essai ! Surtout avec les noms qui étaient présent.
Maintenant cap vers le Lavaredo qui sera une nouvelle belle aventure ! Et en famille et partage cette fois !
Kenavo
My trail friends.
// 👟Chaussures : Altra Lone Peak 5 //
// 👕Textile : Altra & Patagonia & Kinetik //
// 🎒Sac : Patagonia Slope Runner 8L //
// 🧦Chaussettes : Stance //
// 🍫Nutrition : Apirun //
// 🥤 Boisson isotonique : Hydrascore //
// ⌚️Montre : Coros Vertix 2 //
// 🧤Gants : Verjari //
// 🔦Frontale : Petzl Nao+ //